Jean-Jacques Dessalines (né le 20 septembre 1758 à
Grande-Rivière-du-Nord – assassiné le 17 octobre 1806 à Pont-Rouge) est
un dirigeant de la Révolution haïtienne et le premier Empereur d’Haïti
(1804–1806) sous le nom de Jacques Ier. Son épouse fut Marie-Claire
Heureuse Félicité, avec qui il se maria en 1801.
D’origine
africaine, il est d’abord esclave à Saint-Domingue dans l’habitation de
Henri Duclos. Jean-Jacques Dessalines, qui naquit le 20 septembre 1758,
fut élevé sous le regard de sa tante, la future guerrière Victoria
Montou, également esclave comme lui. Victoria Montou, femme énergique,
s’en trouvera astreinte quotidiennement au rude labeurs des champs. Son
meilleur ami était son propre neveu Jean-Jacques Dessalines, esclave
comme elle. Plus âgée que lui, elle lui enseigna comment se battre dans
un combat au corps-à-corps et la façon de lancer un couteau. Surnommé
affectueusement Gran Toya, elle guida et conseilla Dessalines dans sa
jeunesse. Il était fort attaché à cette tante, la seule membre vivante
de sa famille.
Puis, durant les troubles qui mènent à
l’indépendance de l’île, il devient lieutenant de Toussaint Louverture
et combat à ses côtés lors de la Guerre des couteaux (1799-1800). En
octobre 1802, il organise la mutinerie de l’armée saint-dominguoise
contre l’expédition napoléonienne. Il combat le général mulâtre André
Rigaud et le général français Charles Leclerc.
Après la
déportation de Toussaint, il se soumet à la France. S’étant insurgé peu
après, il se retire au nord de l’île ; il réussit, avec l’aide du
commandant du fort de la Crête-à-Pierrot, Louis Daure Lamartinière et de
la femme de celui-ci, Marie-Jeanne Lamartinière, à repousser
Donatien-Marie-Joseph de Rochambeau dans le sanglant combat de la
Crête-à-Pierrot, de Petite-Rivière de l’Artibonite. Par la suite, après
la mort du colonel Louis Daure Lamartinière, sa veuve rejoindra
Jean-Jacques Dessalines et deviendra, un temps, sa maîtresse.
Le
18 mai 1803, lors du congrès de l’Arcahaie, regroupant l’ensemble des
chefs de la Révolution haïtienne, Jean-Jacques Dessalines arracha du
drapeau tricolore français la partie centrale de couleur blanche. Une
révolutionnaire, Catherine Flon, prit les deux morceaux restants, le
bleu et le rouge et les cousit ensemble pour symboliser l’union des
noirs et des mulâtres et créer le nouvel étendard de la République
d’Haïti. Ce drapeau, inspiré du drapeau français dont la partie blanche,
considérée comme le symbole de la race blanche et non pas de la
royauté, a été déchirée. Presque tous les officiers se rallieront à ce
nouveau drapeau, sauf ceux de Lamour Desrances qui lui préféreront le
drapeau aux couleurs noir et rouge. Dessalines pourchassera les
partisans du chef de guerre Lamour Desrances, qui refusait de
reconnaître Dessalines comme général en chef, en envoyant à ses trousses
le général Nicolas Geffrard qui finira par l’arrêter et anéantir son
parti.
Il réussit le 18 novembre 1803 à vaincre les Français à la
bataille de Vertières, et le 1er janvier 1804 Dessalines proclame
l’indépendance d’Haïti. Il se fait d’abord gouverneur général à vie,
puis empereur (pour ne pas être devancé par son rival, Bonaparte) sous
le nom de Jacques Ier (1804).
Le 8 octobre 1804 il est couronné par l’archevêque Jean-Baptiste-Joseph Brelle.
Il fait massacrer les Français « qui espéraient le retour de l’ordre
ancien en Haïti »[réf. nécessaire] et poursuit une politique de «
caporalisme agraire » (comme le désigne Michel-Rolph Trouillot) destinée
à maintenir les profits de l’industrie sucrière par la force, sans
esclavage proprement dit.
Son gouvernement ayant décidé
d’entreprendre une réforme agraire au profit des anciens esclaves sans
terre, il est assassiné le 17 octobre 1806 à Pont-Rouge, au nord de
Port-au-Prince, par ses collaborateurs, Alexandre Pétion, Jean-Pierre
Boyer, André Rigaud et Bruno Blanchet qui servait d’intermédiaire entre
tous sans oublier Henri Christophe qui se trouvait dans le nord.
Hommage
En 1910 est inauguré la statue de Jean-Jacques Dessalines sur le Champ-de-Mars de Port-au-Prince.
En 1926 est inauguré le mausolée à la gloire de Jean-Jacques Dessalines et d’Alexandre Pétion.
L’hymne national d’Haïti, La Dessalinienne, est nommé en son honneur,
ainsi que le sont la ville et l’arrondissement de Dessalines.
Son effigie figure sur le billet de 250 gourdes, monnaie de la République d’Haïti.
De nombreux auteurs haïtiens ont rendu hommage à Dessalines, comme
Ignace Nau qui rendit hommage, dans la première moitié du XIXesiècle, à
ce personnage historique dans son poème Dessalines. En 1979, Félix
Morisseau-Leroy dans son poème Mèsi Papa Desalin ou Jean Métellus dans
L’Année Dessalines (Éditions Gallimard, Paris, 1986).
Le poème
d’Ignace Nau titré Dessalines, rend hommage au fondateur de la patrie
Jean-Jacques Dessalines et condamne le complot dans lequel ce dernier a
trouvé la mort6 :
« Dessalines, à ce nom, ami, découvrons-nous !
Je me sens le cœur battre à fléchir les genoux
Et jaillir à ce nom un sang chaud dans mes veines.
Suspendez vos plaisirs, recueillez votre cœur,
Songez à nos héros, songez à l’Empereur !
Et Jean-Jacques, semblable à quelque esprit de Dieu,
Dicta l’indépendance à la lueur du feu !… »
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